Les cybermenaces évoluent vite, ciblent large, et n’épargnent plus aucun secteur. En France, les PME sont de plus en plus souvent visées, parfois de manière opportuniste, parfois en tant que maillon vulnérable d’une chaîne plus large. Une intrusion, une fuite de données ou une fraude peuvent avoir des conséquences lourdes sur l’activité, la réputation ou la conformité réglementaire (RGPD, NIS2…).
Dans ce contexte, la cybersécurité ne peut plus se résumer à un antivirus ou une sauvegarde automatique. Comprendre où se situent les vrais risques, identifier les actions prioritaires, se mettre en conformité ou simplement réagir efficacement en cas d’incident… tout cela exige des compétences spécifiques. C’est précisément le rôle de l’expert en cybersécurité.

Ces professionnels analysent votre exposition, identifient les failles, proposent des mesures concrètes et vous aident à structurer une stratégie de sécurité adaptée à votre organisation. Ils interviennent aussi bien pour réagir à un incident que pour prévenir les attaques et renforcer votre posture globale.
Encore faut-il savoir qui ils sont, ce qu’ils font réellement, et à quel moment les mobiliser. On a préparé pour vous de quoi répondre aux principales questions que vous vous posez :
- Ce qu’est concrètement un expert en cybersécurité, et quelles sont ses missions principales ;
- Quand et pourquoi faire appel à un expert en cybersécurité ;
- Quels sont les niveaux de compétence disponibles sur le marché, et à quel tarif ;
- Et enfin, comment identifier un professionnel fiable et adapté à votre entreprise.
Objectif : vous aider à mieux comprendre ce métier clé, à évaluer vos besoins et à savoir vers qui vous tourner en toute confiance.
1. Qu’est-ce qu’un expert en cybersécurité ?
Un expert en cybersécurité est un professionnel chargé de protéger les systèmes d’information, les données et les usages numériques d’une organisation contre les menaces. Mais derrière cette définition simple se cache une réalité complexe : les attaques évoluent, les risques se multiplient, et la sécurité ne peut plus être gérée uniquement comme un sujet technique.
Un métier à la convergence des enjeux métiers, techniques et réglementaires
L’expert cybersécurité intervient bien au-delà de la gestion d’un pare-feu ou de l’antivirus. Il analyse les vulnérabilités, détecte les signaux faibles, accompagne la mise en conformité, conseille les dirigeants en cas d’incident, et forme les équipes aux bons réflexes. En ce sens, il joue un rôle de plus en plus stratégique dans la continuité d’activité, la protection de la réputation et la maîtrise des obligations réglementaires (RGPD, NIS2, DORA…).
L’ANSSI dans son Observatoire des métiers de la cybersécurité parle ainsi de professionnels qui non seulement participent activement à la sécurité des systèmes d’information et au maintien de l’activité et mais également qui alimentent la culture de la sécurité dans votre entreprise.
Des compétences qui couvrent plusieurs champs
Les domaines d’intervention sont nombreux et peuvent varier selon les profils :
- Analyse de vulnérabilités : audit technique, test d’intrusion, scans automatisés…
- Détection d’incidents : analyse de logs, surveillance réseau, corrélation d’événements
- Réponse à incident : isolation, correction, coordination avec les autorités
- Mise en conformité : RGPD, NIS2, ISO 27001, DORA…
- Gestion des risques numériques : cartographie des actifs, classification, plans d’action
- Sensibilisation des équipes : formations, simulation de phishing, politique de sécurité
Plusieurs types d’expertise selon les besoins
Il n’existe pas « un » expert cybersécurité mais plusieurs spécialités, mobilisables selon votre besoin :
Profil | Mission principale | Contexte d’intervention |
Analyste SOC | Surveille et traite les alertes de sécurité | Centre de supervision de sécurité |
Consultant sécurité | Évalue, conseille, accompagne | Projet ou transformation d’entreprise |
Pentester | Tente de pénétrer le système pour tester sa robustesse | Audit technique approfondi |
RSSI | Pilote la stratégie de sécurité de l’entreprise | Fonction interne ou externalisée |
Dans une PME, le besoin porte rarement sur un profil à temps plein. Il s’agit plutôt de savoir mobiliser la bonne expertise au bon moment, via un audit ponctuel, une mission de conseil, ou une intervention en cas d’incident.
Un bon expert ne se juge pas uniquement à ses compétences techniques : il doit aussi comprendre vos enjeux métiers, vulgariser l’information, et proposer des actions concrètes et soutenables. C’est souvent ce qui fait la différence dans une relation de confiance avec une direction non technique.
2. Un expert en cybersécurité : pour qui, pour quoi ?
La réponse est simple : toutes les organisations sont concernées, indépendamment de leur taille, de leur secteur ou de leur niveau de maturité numérique. PME, collectivités, professions réglementées, prestataires de services numériques… toutes peuvent être la cible d’une attaque ou subir les conséquences d’un incident.
Les cyberattaques ne visent plus seulement les grandes entreprises ou les infrastructures critiques. Les campagnes de phishing, les rançongiciels ou les tentatives d’intrusion automatisées frappent massivement et sans discrimination. Une PME peut être attaquée pour des raisons aussi diverses que :
- son absence de protection visible (facile à compromettre) ;
- sa position de sous-traitant dans une chaîne plus large (effet domino) ;
- ses données clients, parfois sensibles, peu ou mal protégées.
Les conséquences, elles, sont bien réelles : blocage de l’activité, perte de chiffre d’affaires, atteinte à la réputation, voire sanctions réglementaires. Et contrairement aux idées reçues, une attaque réussie sur une petite structure peut s’avérer plus dévastatrice que sur un grand groupe, car les marges de résilience sont souvent plus faibles.

Une pression accrue sur les dirigeants
La cybersécurité n’est plus seulement une question technique : elle est devenue un enjeu de gouvernance. Les clients, les assureurs, les partenaires ou les donneurs d’ordre attendent des garanties concrètes : plans de continuité, conformité réglementaire, politiques de sécurité documentées. Certains cadres légaux viennent renforcer cette exigence :
- RGPD : obligation de sécuriser les données personnelles sous peine de sanction ;
- NIS2 : directive européenne élargissant le périmètre des entités soumises à des obligations de cybersécurité, y compris de nombreuses PME du numérique, de la logistique ou de la santé ;
- DORA : règlement européen spécifique au secteur financier, mais qui s’applique aussi aux prestataires IT travaillant avec ces acteurs.
Même si vous ne vous sentez pas directement concerné, vos clients ou partenaires peuvent vous l’imposer par exigence contractuelle.
Des exemples concrets et fréquents
Voici quelques situations typiques dans lesquelles une PME peut bénéficier de l’intervention d’un expert en cybersécurité :
Situation | Rôle de l’expert |
Blocage des serveurs par ransomware | Maîtrise de l’incident, analyse de compromission, accompagnement au redémarrage de l’activité |
Demande d’un client ou d’un assureur sur votre niveau de sécurité | Audit, mise en conformité, documentation |
Besoin de rassurer sur un appel d’offres | Préparation d’un plan de sécurité adapté |
Sensibilisation des équipes internes | Formation, scénarios de phishing simulés |
Doute sur une compromission (mail suspect, accès non autorisé) | Diagnostic technique, vérification, recommandations |
Ces besoins peuvent être ponctuels, urgents, ou s’inscrire dans une démarche progressive. Mais tous exigent une expertise que l’on ne peut improviser, même avec les meilleures intentions.
C’est pourquoi il est essentiel, pour toute organisation connectée, de savoir à quel moment solliciter une expertise dédiée, et de disposer de partenaires fiables, capables d’intervenir avec méthode, pédagogie et discernement.
3. Quels profils mobiliser, et combien ça coûte ?
Pour une PME, la question n’est pas tant de recruter un expert cybersécurité en interne que de savoir quand et comment s’entourer des bonnes compétences. Les profils sont rares, les salaires élevés, et les besoins en cybersécurité, bien que stratégiques, restent souvent intermittents ou transverses. Dans ce contexte, le recours à des partenaires externes s’impose comme une solution pragmatique et efficace.

Quelles ressources mobiliser selon votre besoin ?
Plusieurs options s’offrent à vous, selon la nature de vos enjeux :
- Votre prestataire informatique habituel constitue un premier point de contact, avec lequel vous avez déjà une relation de confiance. Certains infogéreurs renforcent leur offre en s’appuyant sur des partenaires spécialisés ou des solutions tierces pour élargir la gamme de services proposés : protection de base, supervision, audit, réponse à incident…
- Des cabinets spécialisés en cybersécurité, souvent labellisés (comme ExpertCyber), interviennent sur des audits, des plans de mise en conformité (RGPD, NIS2), ou des analyses de risque. Leur valeur réside autant dans la compétence technique que dans leur capacité à structurer une démarche claire.
- Des consultants indépendants, parfois très spécialisés (test d’intrusion, gouvernance, réponse à incident), peuvent être mobilisés ponctuellement. Leur force réside dans leur réactivité et leur spécialisation, mais ils nécessitent un cadrage clair.
- Des outils de diagnostic automatisé, comme ceux proposés par Sekost, permettent d’obtenir une première photographie de votre exposition sur internet à partir d’un simple nom de domaine. Cela peut servir de point de départ pour décider des actions à engager sans mobiliser immédiatement un expert sur site.
Dans tous les cas, il ne s’agit pas de chercher l’exhaustivité à tout prix, mais d’aligner le niveau d’intervention sur le niveau de risque réel et les priorités de l’entreprise.
Comprendre les ordres de grandeur
Même si vous n’envisagez pas un recrutement, connaître les niveaux de rémunération permet de mieux appréhender le coût des prestations ou la rareté des compétences mobilisées.
- Un analyste cybersécurité débutant, en charge de la détection ou de l’analyse d’incidents dans un SOC (Security Operations Center), perçoit un salaire moyen situé entre 35 000 et 42 000 € brut/an (sources : Apec, Pôle emploi, études ANSSI).
- Un consultant expérimenté, un RSSI externalisé ou un expert en conformité peut atteindre 55 000 à 90 000 € brut/an, voire plus dans certains secteurs sensibles (finance, santé, services publics).
- À titre de comparaison, un expert informatique généraliste (réseau, cloud, développement) évolue généralement entre 40 000 et 70 000 € brut/an, sans nécessairement posséder de compétences spécifiques en cybersécurité.
Il est important de souligner que l’expertise cybersécurité repose sur une spécialisation approfondie, notamment dans des domaines comme la sécurité offensive (pentest) ou la conformité réglementaire (RGPD, DORA, NIS2).
Une approche réaliste et graduée
La cybersécurité n’est pas une démarche binaire. Il ne s’agit pas d’être totalement protégé ou totalement vulnérable. Il s’agit de progresser, par étapes, avec les bonnes ressources au bon moment. Cela peut commencer par un audit externe, un test automatisé ou un accompagnement ponctuel. L’essentiel est de s’appuyer sur des partenaires capables de comprendre vos contraintes, parler votre langage, et proposer des solutions concrètes.
4. Comment identifier un bon expert pour votre entreprise ?
Vous avez cerné votre besoin, encore faut-il choisir le bon interlocuteur. Tous les prestataires ne se valent pas, et tous les experts ne sont pas adaptés à votre contexte. En PME, il est essentiel de s’entourer d’un partenaire qui comprend vos contraintes opérationnelles, qui sait aller à l’essentiel et qui ne transforme pas chaque recommandation en projet interminable.
Trois critères pour faire le bon choix
Pour sélectionner un expert cybersécurité crédible et pertinent, plusieurs éléments doivent vous mettre sur la voie :
- Des compétences reconnues : en France, le label ExpertCyber, porté par l’ANSSI, permet d’identifier des professionnels dont les compétences ont été évaluées par un organisme indépendant. Ce label garantit non seulement un socle technique, mais aussi une capacité à intervenir auprès d’organisations non expertes.
- Une expérience en phase avec votre activité : la cybersécurité d’un site e-commerce ne se gère pas comme celle d’une PME industrielle ou d’un cabinet d’avocats. Un bon expert saura adapter son approche à vos flux métiers, vos dépendances numériques et vos obligations réglementaires.
- Une capacité à vulgariser et à proposer des actions concrètes : face à une direction ou à des équipes non techniques, l’expert doit être capable d’expliquer clairement ce qu’il observe, pourquoi cela pose un risque, et ce qu’il recommande de faire, dans un ordre réaliste.
Les erreurs les plus fréquentes
Dans les faits, plusieurs écueils reviennent souvent :
- Confondre un prestataire IT généraliste avec un expert en cybersécurité. Les deux métiers sont complémentaires, mais distincts. La maintenance informatique ne garantit pas une protection active face aux cybermenaces.
- Se focaliser sur des outils techniques au lieu d’analyser les risques métiers. Ce n’est pas parce qu’un logiciel est en place que l’entreprise est protégée. Ce qui compte, c’est la capacité à anticiper, détecter et réagir de manière adaptée à votre environnement.
- Attendre l’incident pour agir. L’expert cybersécurité est souvent plus utile en amont, pour détecter les points faibles et éviter que l’incident ne survienne ou ne s’aggrave.
Commencer simplement, sans complexité inutile
Si vous ne savez pas par où commencer, un état des lieux rapide et objectif peut déjà vous aider à clarifier les priorités. Un test d’exposition à distance ou un audit de surface, sans intrusion ni installation, permet d’identifier les failles visibles depuis internet. Ce type de diagnostic, proposé par certains prestataires ou plateformes spécialisées, donne un aperçu concret des risques encourus, sans perturber votre activité.
L’important n’est pas d’avoir réponse à tout, mais de savoir poser les bonnes questions, s’entourer des bonnes ressources, et avancer de manière structurée. C’est cette approche qui fait la différence entre une cybersécurité subie et une cybersécurité maîtrisée.
Conclusion
La cybersécurité n’est plus une option ni un sujet réservé aux grandes entreprises. Elle est devenue un enjeu de continuité, de conformité et de crédibilité pour toutes les organisations, y compris les PME. Et face à la complexité croissante des menaces et des obligations, vous avez tout intérêt à vous appuyer sur des compétences spécialisées.
Un expert en cybersécurité ne se limite pas à un rôle technique. Il vous aide à mieux comprendre vos risques, à structurer votre démarche de protection, et à réagir efficacement en cas d’incident. Il intervient là où vos ressources internes s’arrêtent, et là où les outils seuls ne suffisent plus.
Que vous mobilisiez un cabinet spécialisé, un partenaire IT, un consultant indépendant ou un outil de diagnostic, l’essentiel est de commencer. Par une évaluation, un échange, un test ciblé. Ce premier pas vous permettra de prioriser les actions utiles, d’éviter les angles morts, et de renforcer durablement la sécurité de votre entreprise.
Plutôt que d’attendre et laisser les événements décider pour vous, anticipez et reprenez la main sur votre stratégie cyber.