Faut-il être victime d’un incident pour se poser les bonnes questions en cybersécurité ? C’est encore trop souvent le cas. Une messagerie bloquée, des données perdues, un client qui exige des garanties… Et soudain, l’urgence impose de comprendre, d’agir, de décider.

Mais il existe une autre voie, plus efficace et bien moins coûteuse : celle du conseil en cybersécurité. Pas pour ajouter de la complexité ou multiplier les outils, mais pour reprendre la main sur un sujet devenu stratégique.
Dans cet article, vous allez découvrir :
- Ce qu’implique réellement un conseil en cybersécurité
- Les repères essentiels à connaître pour piloter ce sujet, même sans expertise technique
- Une méthode concrète pour renforcer votre sécurité numérique à votre échelle
Objectif : vous permettre de décider, en connaissance de cause, là où ça compte vraiment.
1. Le conseil en cybersécurité : de quoi parle-t-on exactement ?
1.1 Une définition claire et opérationnelle
Le conseil en cybersécurité désigne une démarche d’accompagnement structurée visant à aider une organisation à mieux comprendre, évaluer et piloter ses risques numériques. Contrairement à une prestation technique ponctuelle, il ne s’agit pas d’installer un pare-feu ou de configurer un logiciel. Le rôle du conseil est avant tout stratégique et organisationnel.
Concrètement, cela signifie :
- Analyser les vulnérabilités potentielles ou les expositions visibles
- Recommander des mesures adaptées aux priorités et aux moyens de l’entreprise
- Structurer une approche continue de la sécurité, sans dépendance excessive aux outils ou aux urgences
Ce type d’accompagnement permet de transformer la cybersécurité en levier de gouvernance : on ne réagit plus dans l’urgence, on anticipe, on arbitre, on suit les progrès dans le temps.
1.2 Pourquoi c’est utile, même pour une PME sans DSI
Faire appel à un conseil en cybersécurité n’est pas réservé aux grandes structures ou aux entreprises déjà matures sur le sujet. Bien au contraire : pour une PME, c’est souvent la première étape utile pour poser les bases.
Voici quelques situations fréquentes où cet accompagnement fait une vraie différence :
- Vous devez répondre à un client qui exige des garanties sur la sécurité de vos données
- Vous préparez un audit (interne, contractuel ou réglementaire)
- Vous voulez mettre à plat votre exposition numérique sans tout revoir de fond en comble
- Vous devez vous conformer à la réglementation NIS2, ou démontrer un minimum de maîtrise face à un assureur
Le rôle du conseil est alors de vous guider, pas de faire à votre place. Il vous aide à décider ce qu’il faut sécuriser en priorité, comment le faire de façon réaliste, et avec quels outils (internes ou externes).
Il est utile aussi de bien faire la distinction entre plusieurs types d’approches :
- Un audit dresse un état des lieux détaillé, souvent ponctuel, avec un rapport structuré
- Une analyse de vulnérabilité détecte automatiquement des failles techniques connues (sans les exploiter)
- L’infogérance gère au quotidien vos systèmes, sans forcément structurer une stratégie de sécurité
- Le conseil, lui, donne une vision d’ensemble, relie les enjeux techniques aux enjeux métier, et alimente vos arbitrages
C’est cette capacité à faire le lien entre le risque, la gouvernance et les décisions qui rend le conseil si précieux, y compris dans une petite structure sans expert en interne.
2. Les fondamentaux à connaître pour sécuriser son entreprise
2.1 Les conseils de base en cybersécurité pour un dirigeant
Vous n’avez pas besoin d’être technicien pour appliquer les premières mesures de cybersécurité. Certaines pratiques simples permettent de réduire considérablement les risques. Voici les fondamentaux à mettre en place dans toute organisation, quelle que soit sa taille.
Sécurisation des accès
C’est la première barrière contre les intrusions. Il est indispensable de renforcer l’authentification sur les services sensibles :
- Utiliser des mots de passe robustes et uniques
- Activer systématiquement l’authentification à deux facteurs (MFA), notamment sur la messagerie et les outils métiers
- Restreindre les droits d’accès au strict nécessaire (principe du moindre privilège)
Sauvegardes testées et isolées
Une sauvegarde inutilisable ne sert à rien. Il faut vérifier régulièrement que vos sauvegardes :
- Sont bien séparées du système principal (éviter les sauvegardes sur le même serveur)
- Sont testées : pouvez-vous réellement restaurer les données ?
- Ciblent les données critiques pour relancer l’activité de l’entreprise après une attaque (ERP, comptabilité, contrats…)
- Sont redondées et stockées sur au moins deux supports différents (disque dur, NAS, cloud, etc.)
- Incluent au moins une copie hors site, physiquement ou dans le cloud, pour résister aux sinistres locaux
Mise à jour des systèmes
Les logiciels obsolètes sont l’un des vecteurs d’attaque les plus courants. Automatisez les mises à jour de vos systèmes, postes de travail, serveurs et extensions web. Un composant non maintenu est une faille ouverte.
Sensibilisation des collaborateurs
90 % des incidents impliquent une erreur humaine. Quelques gestes simples permettent de limiter le risque :
- Ne jamais cliquer sur un lien douteux
- Vérifier l’adresse de l’expéditeur avant d’ouvrir une pièce jointe
- Signaler tout comportement inhabituel au référent sécurité ou à l’IT
Ces bonnes pratiques sont à la cybersécurité ce que la ceinture est à la voiture : élémentaire, mais vital.

2.2 Les erreurs fréquentes à éviter
Les premiers audits menés en entreprise, même modeste, révèlent souvent les mêmes failles. En voici quelques-unes, simples à corriger une fois identifiées :
- Un site web exposé avec des modules ou extensions non maintenus
- Des services accessibles sur internet (imprimantes, serveurs NAS, accès RDP) sans authentification renforcée
- L’absence d’authentification à deux facteurs sur les comptes de messagerie ou les interfaces d’administration
- Des comptes partagés entre plusieurs utilisateurs, sans traçabilité
- Aucune procédure en cas d’incident : que faire si un poste est infecté ou qu’un email suspect est reçu ?
Ces vulnérabilités sont rarement dues à une négligence volontaire. Elles s’installent avec le temps, par manque de visibilité ou d’organisation. L’avantage, c’est qu’elles peuvent être détectées facilement, parfois avec un simple diagnostic externe.
2.3 Par où commencer quand on n’a rien formalisé
Il n’est pas nécessaire de tout structurer d’un coup. L’important est de commencer, avec méthode.
1. Lancer un premier diagnostic automatisé
Des plateformes comme Sekost permettent de tester ce que votre entreprise expose sur internet, simplement à partir de son nom de domaine. En quelques minutes, vous obtenez un état des lieux des failles les plus visibles, sans installation ni accès technique.
2. Désigner un référent cybersécurité
Pas besoin d’un RSSI diplômé : il suffit d’identifier une personne de confiance (DG, associé, responsable informatique ou même prestataire expert en cybersécurité) qui centralisera les questions liées à la sécurité. Cela évite les zones grises.
3. Écrire un socle de règles simples
Quelques décisions claires valent mieux qu’un document de 50 pages jamais lu. Exemples :
- Tous les accès distants doivent être protégés par MFA
- Les sauvegardes sont vérifiées chaque trimestre
- Un incident doit être signalé sous 24h à telle personne
Avec ces trois leviers, vous posez les premières briques d’une démarche structurée, sans dépendre d’un expert ni attendre l’incident pour réagir.
3. Les trois piliers pour comprendre et prioriser la sécurité
3.1 Confidentialité, intégrité, disponibilité : les repères à retenir
Pour sécuriser efficacement un système d’information, encore faut-il savoir ce que l’on cherche à protéger. Trois grands principes structurent toute démarche de cybersécurité : la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des données. Ils servent de boussole pour identifier les priorités, évaluer les impacts d’un incident et choisir les protections adaptées.
Confidentialité
Il s’agit de protéger l’accès aux données : seules les personnes autorisées doivent pouvoir consulter une information sensible.
Exemple concret : la fuite de données RH (salaires, évaluations internes, informations personnelles) vers une personne externe ou un collaborateur non habilité constitue une atteinte à la confidentialité.
Intégrité
L’intégrité garantit que les données n’ont pas été altérées ou modifiées de façon non autorisée.
Exemple : un devis modifié à votre insu avant envoi au client, ou un virement dont le montant est falsifié en interne ou à cause d’un malware.
Disponibilité
C’est la capacité à accéder aux systèmes et aux données au moment où on en a besoin.
Exemple : une attaque par rançongiciel bloque votre outil de facturation pendant trois jours. Même si les données ne sont ni perdues ni volées, votre activité est paralysée.
La perte de l’un de ces trois piliers peut suffire à causer un dommage sérieux : interruption de service, perte financière, litige client ou atteinte à votre réputation. C’est pourquoi ils sont utilisés comme fondement dans toutes les approches de gestion des risques.
3.2 Ces piliers comme base de décision
Dans un accompagnement en cybersécurité, ces trois dimensions servent à évaluer la gravité des risques et à hiérarchiser les mesures à prendre.
Un consultant ne se contente pas de lister des failles techniques. Il cherche à savoir :
- Quelle vulnérabilité menace la confidentialité des données personnelles de vos clients ?
- Quel dysfonctionnement pourrait compromettre l’intégrité de vos documents comptables ?
- Quelle dépendance technique pourrait rendre vos services indisponibles pendant une période critique ?
Ce raisonnement permet d’éviter les mesures gadgets, et de concentrer les efforts là où cela a un impact métier réel.
Cette logique s’intègre dans un cadre plus large : la GRC (gouvernance, risques, conformité). Elle vise à aligner les priorités de sécurité avec les enjeux business, à structurer les responsabilités, et à assurer la conformité avec les obligations légales (RGPD, NIS2…).
Voici quelques exemples concrets de mesures associées à chaque pilier :
Pilier | Risque courant | Mesure adaptée |
Confidentialité | Accès non autorisé aux emails professionnels | Mise en place de MFA sur la messagerie |
Intégrité | Modification frauduleuse de fichiers sensibles | Restriction des droits d’édition + journalisation |
Disponibilité | Indisponibilité suite à attaque ou panne | Sauvegardes isolées + plan de reprise d’activité |
En s’appuyant sur ces repères, vous gagnez une vision claire de vos priorités et vous pouvez prendre des décisions adaptées, même sans connaissance technique.
4. Renforcer sa cybersécurité : méthode et leviers concrets
4.1 Structurer une démarche progressive, sans complexité
Améliorer sa cybersécurité ne nécessite pas de révolutionner toute l’organisation. Il est possible de bâtir une stratégie efficace en avançant par étapes, avec des actions ciblées et proportionnées.
Voici les fondations d’une démarche structurée, applicable même dans une PME sans DSI*;
Cartographier les actifs critiques
Quels sont les éléments clés de votre activité numérique ? Cela inclut vos données clients, vos outils métiers, vos accès distants, vos serveurs, et même certains postes de travail. Cette cartographie permet de concentrer les efforts là où l’impact est le plus fort.
Évaluer l’exposition externe
Que voit un attaquant depuis internet ? Des outils permettent d’identifier les services exposés, les failles accessibles, ou les versions obsolètes d’un site web. Un diagnostic externe peut souvent être lancé à partir d’un simple nom de domaine (comme avec les tests proposés par Sekost).
Identifier les dépendances numériques
Quels sont les logiciels, prestataires et hébergements dont votre activité dépend ? Un cloud mal maîtrisé ou un infogéreur peu rigoureux peut devenir un maillon faible. Cartographier ces liens permet d’anticiper les risques indirects.
Construire un plan d’action adapté à votre taille
Le but n’est pas d’être parfait, mais de progresser avec méthode. En partant des risques les plus critiques (exposition publique, messagerie non sécurisée, absence de sauvegarde), vous pouvez établir un plan d’action priorisé, réaliste et faisable avec vos ressources.

4.2 Faire appel à un conseil : quand, pourquoi, comment
Dans beaucoup de cas, un accompagnement ponctuel par un consultant ou une solution spécialisée peut faire gagner un temps précieux.
Voici la valeur ajoutée concrète que vous pouvez en attendre :
- Cadrer les priorités : vous aider à identifier ce qui mérite attention et ce qui peut attendre
- Vulgariser les résultats : traduire les constats techniques en décisions compréhensibles
- Accompagner la mise en œuvre : proposer un plan d’action compatible avec vos moyens
Une approche pensée pour les PME privilégie la simplicité :
- Intervention à distance, sans intrusion
- Résultats présentés de manière claire et accessible
- Aucune dépendance à un outil ou à un jargon technique
Exemples d’accompagnements utiles :
- Préparation à un audit client qui exige des garanties sur la sécurité des données
- Accompagnement NIS2 ou DORA, en particulier pour les entreprises sous-traitantes dans un secteur critique
- Sécurisation d’une messagerie professionnelle, souvent point d’entrée principal des cyberattaques
Dans tous les cas, le rôle du conseil est d’aider à décider, pas de vous vendre une solution toute faite.
4.3 Mettre en place un pilotage régulier et utile
Une fois les premières actions en place, il est essentiel de suivre l’évolution des risques dans le temps. La cybersécurité n’est pas un chantier ponctuel mais un sujet à intégrer à la gestion courante.
- Suivi des vulnérabilités dans le temps : Des plateformes permettent aujourd’hui de détecter automatiquement l’apparition de nouvelles failles ou d’évolutions techniques qui réintroduisent du risque. Un suivi trimestriel suffit souvent pour rester vigilant sans alourdir le quotidien.
- Outils simples de reporting : Un tableau Excel ou un modèle de rapport peut suffire pour suivre vos indicateurs : nombre d’incidents signalés, taux de MFA activé, statut des sauvegardes, niveau d’exposition externe. Le tout est de disposer de repères concrets.
- Intégrer la cybersécurité dans les arbitrages de gestion : À terme, la sécurité doit devenir un critère parmi d’autres dans vos décisions : choisir un outil, signer avec un prestataire, intégrer un nouveau service. C’est en normalisant ces réflexes que votre entreprise devient plus résiliente, sans surcharge de pilotage.
Adopter cette logique vous permet de ne plus dépendre du hasard ou de l’urgence. Vous entrez dans une démarche proactive, maîtrisée et adaptée à votre réalité.
Conclusion
Le conseil en cybersécurité permet de transformer un sujet perçu comme flou, technique ou paralysant en une démarche structurée, lisible et orientée décision. Ce n’est pas un luxe réservé aux grandes entreprises, mais un levier de pilotage accessible, utile et souvent décisif.
Vous n’avez pas besoin de tout comprendre, ni de devenir expert. Ce qu’il vous faut, c’est une vision claire des priorités, des actions ciblées, et une capacité à mobiliser les bonnes ressources au bon moment.
Même une première étape simple, comme un test d’exposition en ligne ou la désignation d’un référent cybersécurité, peut révéler des failles critiques et amorcer une dynamique vertueuse.
Ce qui compte, c’est de ne plus naviguer à l’aveugle. Et pour cela, le conseil en cybersécurité est bien plus qu’un service : c’est un cadre pour mieux protéger, mieux décider, et mieux avancer.