
Savez-vous vraiment ce qui circule sur votre réseau ? Qui s’y connecte ? Ce qui est exposé à l’extérieur ? Pour beaucoup d’entreprises, la réponse est floue. Et pourtant, c’est justement cette zone d’ombre qui constitue l’un des angles morts les plus critiques en cybersécurité.
Contrairement à une idée reçue, les menaces informatiques ne s’attaquent pas qu’aux données. Elles ciblent aussi l’infrastructure qui les transporte : vos routeurs, vos serveurs, vos accès distants, vos équipements oubliés mais toujours actifs. Un seul maillon mal configuré suffit à ouvrir la porte à une intrusion.
C’est là qu’intervient l’audit réseau. Concret, structuré, il permet de cartographier votre infrastructure, de détecter les failles invisibles, et de reprendre le contrôle avant qu’un incident ne vous l’impose.
Dans cet article, vous allez comprendre :
- Ce qu’est réellement un audit réseau, et ce qu’il peut vous révéler
- Comment il se déroule, étape par étape, même sans équipe IT dédiée
- Les erreurs courantes à éviter
- Et surtout, comment l’intégrer dans une démarche simple mais efficace de sécurité pour votre entreprise.
L’objectif : vous donner des repères clairs pour décider et agir.
1. Audit réseau : à quoi ça sert concrètement ?
1.1 Une réponse à des menaces de plus en plus ciblées
Les cyberattaques ne sont pas toujours spectaculaires. Dans les faits, ce sont souvent des failles invisibles et négligées qui permettent aux attaquants de pénétrer un système : un port laissé ouvert, un mot de passe par défaut oublié, un serveur non à jour dans un coin du réseau. Ces points faibles sont fréquents, en particulier dans les PME, où les ressources techniques sont limitées et les réseaux se sont souvent construits de façon opportuniste au fil du temps.
Or, le réseau constitue l’épine dorsale du système d’information. C’est lui qui relie vos postes de travail, vos serveurs, vos imprimantes, vos outils cloud, vos accès à distance… et qui, en cas de compromission, peut devenir un accélérateur d’attaque. Une fois qu’un pirate accède au réseau, il peut se déplacer latéralement, collecter des données sensibles, neutraliser vos sauvegardes ou déployer un rançongiciel en quelques minutes.
De plus, les attaques ciblant directement les équipements réseau (pare-feux, routeurs, points d’accès Wi-Fi) sont en forte croissance. Ces équipements sont rarement mis à jour, mal surveillés, et représentent une cible de choix pour les attaquants. Ce constat rend l’audit réseau indispensable : c’est souvent le seul moyen de savoir ce qui est réellement exposé et de détecter les vulnérabilités qui échappent à la vigilance quotidienne.
1.2 Définition et périmètre de l’audit réseau
Un audit réseau est une évaluation structurée de l’état de sécurité de votre infrastructure de communication. Il s’agit d’analyser les équipements, les flux, les services exposés et les configurations, afin de détecter les failles ou incohérences qui pourraient compromettre la sécurité de votre entreprise.
Plus concrètement, un audit réseau permet de :
- Cartographier tous les équipements connectés (serveurs, postes, imprimantes, routeurs…)
- Identifier les services actifs et ceux qui ne devraient plus l’être
- Repérer les ports ouverts inutilement ou les accès mal contrôlés
- Détecter les vulnérabilités connues sur les composants (versions obsolètes, protocoles faibles…)
- Évaluer les droits d’accès, les partages internes et les configurations sensibles
L’ensemble de ces actions vise à réduire la surface d’attaque et à reprendre la maîtrise de son réseau, souvent partiellement documenté ou configuré de manière opportuniste.
Le périmètre peut être restreint (externe uniquement, accès internet, services cloud) ou étendu (réseau interne complet, interconnexions avec des tiers, Wi-Fi, VPN, etc.). L’audit réseau constitue une étape clé dans la mise en conformité avec les normes ou règlements en vigueur, notamment NIS2 si vous êtes concerné.
1.3 Trois formes d’audit à connaître
Il n’existe pas un seul type d’audit réseau, mais trois approches, qui peuvent se compléter selon le contexte et le niveau de maturité de l’entreprise :
- L’audit de configuration : il vise à analyser en profondeur les paramètres des équipements (routeurs, switches, pare-feux, points d’accès Wi-Fi). Il permet de repérer les erreurs, les options activées par défaut, les protocoles obsolètes ou les accès non restreints.
- L’audit de sécurité : plus large, il combine souvent une cartographie des actifs, un scan de vulnérabilités et une analyse des flux. Il permet d’identifier les points faibles techniques sur lesquels un attaquant pourrait s’appuyer.
- L’audit de conformité : il vérifie si l’architecture réseau respecte un cadre de référence, comme les bonnes pratiques de l’ANSSI, la norme ISO 27001, ou encore les exigences de la directive NIS2. C’est particulièrement utile dans les secteurs réglementés (santé, finance, numérique…).
Dans une PME, il est possible de démarrer par un audit simple, centré sur l’externe (ce que l’entreprise expose sur internet), souvent réalisable à distance, sans intrusion. Ce type de diagnostic (comme celui proposé par Sekost) permet déjà de détecter les failles les plus critiques, sans mobilisation de ressources internes. Il pourra dans un deuxième temps être complété par un audit interne plus spécifique si c’est pertinent.
2. Comment se déroule un audit réseau ?
2.1 Préparation et cadrage
Un audit réseau efficace commence par une phase de cadrage rigoureuse. L’objectif ici est de définir avec précision ce que l’on va auditer, pourquoi et dans quelles conditions.
Le premier enjeu est de délimiter le périmètre. Cela peut inclure :
- le réseau interne du siège ou des sites distants,
- les accès distants (VPN, télétravail),
- les services hébergés dans le cloud (ERP, messagerie, solutions collaboratives),
- ou encore les interconnexions avec des tiers (fournisseurs, filiales, prestataires IT).
Ce périmètre doit être réaliste, adapté à vos priorités et à vos ressources.
Il faut également anticiper les contraintes organisationnelles :
- Accès aux équipements : les équipes internes ou le prestataire disposent-ils des droits suffisants pour analyser les configurations ?
- Respect de la confidentialité : des clauses peuvent être prévues pour protéger les données sensibles, surtout si l’audit est mené par un tiers.
- Continuité d’activité : certaines analyses peuvent être réalisées en dehors des heures de production pour éviter toute perturbation.
Ce cadrage est essentiel pour éviter les angles morts et s’assurer que l’audit apportera des résultats concrets, exploitables.
2.2 Réalisation technique : ce que l’audit analyse réellement
Une fois le périmètre défini, l’audit proprement dit commence. Il s’appuie sur une combinaison d’outils automatisés, d’analyses manuelles et d’observations documentaires.
Voici les principales étapes :
- Cartographie du réseau : identification de tous les équipements actifs (serveurs, postes, imprimantes, points d’accès Wi-Fi, etc.) et des connexions entre eux. Cette étape révèle souvent des équipements oubliés ou mal maîtrisés.
- Analyse des flux réseau : quels services sont exposés ? Quels ports sont ouverts ? Quelles communications sont autorisées entre les différentes zones du réseau ?
- Recherche de vulnérabilités : les outils de scan permettent de repérer des failles connues (versions logicielles obsolètes, protocoles non sécurisés, configurations faibles).
- Examen des droits d’accès et des configurations critiques : comptes administrateurs, authentification forte, segmentation réseau, etc.

2.3 Lecture des résultats et mise en œuvre
Une fois l’analyse terminée, l’auditeur remet un rapport structuré et compréhensible, qui répertorie :
- les vulnérabilités détectées, classées par niveau de criticité,
- les erreurs de configuration identifiées,
- les recommandations pour corriger les failles.
Ce rapport doit pouvoir être lu et compris par un décideur non technique. Il sert de base à un plan de remédiation, qui peut être géré en interne ou avec l’appui d’un prestataire.
Enfin, un audit ne doit pas être un exercice ponctuel isolé. Il s’inscrit idéalement dans un cycle de sécurité continue, avec un suivi des corrections mises en œuvre et des audits réguliers (par exemple, tous les 12 à 24 mois, ou après une évolution majeure du système). Cela permet de maintenir un bon niveau de sécurité dans la durée, face à des menaces qui évoluent en permanence.
3. Idées reçues et erreurs fréquentes
Malgré les risques bien réels qui pèsent sur l’infrastructure réseau, l’audit réseau reste souvent négligé ou mal compris. Certaines incompréhensions freinent encore sa mise en œuvre, en particulier dans les PME. Voici trois idées reçues fréquentes, et pourquoi il est utile de les dépasser.
3.1 « On a un antivirus, ça suffit »
Cette affirmation revient souvent, et pourtant elle repose sur une confusion fréquente : l’antivirus protège les postes, pas le réseau. Il agit généralement en bout de chaîne, au niveau de l’ordinateur ou du serveur, pour détecter des fichiers malveillants ou des comportements suspects. Mais il n’a aucune visibilité sur l’architecture du réseau, les équipements actifs, les services exposés, les flux autorisés, ou encore les failles de configuration.
Un attaquant qui exploite une faille sur un routeur mal sécurisé ou un service exposé en ligne peut s’introduire dans le système sans jamais être détecté par l’antivirus. L’audit réseau, au contraire, s’intéresse à l’infrastructure dans son ensemble : ce qui est exposé, ce qui communique, et ce qui peut être détourné.
Autrement dit, l’antivirus est utile, mais loin d’être suffisant. Il fait partie d’un tout, mais ne peut à lui seul garantir la sécurité de votre entreprise.
3.2 « Trop complexe pour une PME »
Longtemps réservé aux grandes entreprises, l’audit réseau s’est aujourd’hui démocratisé. Il existe désormais des solutions accessibles, conçues pour s’adapter aux contraintes des PME : périmètre limité, coût réduit, restitution compréhensible.
Il est par exemple possible de commencer par un audit externe simple, réalisé à distance à partir d’un nom de domaine ou d’une IP publique. Ce type d’analyse, non intrusif, permet d’identifier rapidement les failles les plus critiques : ports ouverts, services obsolètes, certificats expirés, interfaces d’administration mal protégées… Et surtout, il ne demande aucune installation ni compétence technique particulière.
3.3 « On réfléchira à tout ça si on se fait attaquer »
C’est probablement l’erreur la plus coûteuse : attendre qu’un incident survienne pour agir. Un audit réalisé après une attaque sert à comprendre ce qui s’est passé, mais il ne répare pas les dégâts : pertes de données, indisponibilité des services, atteinte à la réputation, coûts juridiques ou opérationnels…
L’audit réseau, au contraire, est un levier préventif. Il permet d’anticiper les failles avant qu’elles ne soient exploitées, de corriger les erreurs invisibles, et de mettre en place des protections adaptées.
Autrement dit : vous avez plus à gagner à auditer avant qu’à réparer après. Dans un environnement numérique de plus en plus exposé, mieux vaut savoir où sont les failles que de découvrir leurs conséquences par accident.

4. Intégrer l’audit réseau dans votre démarche de cybersécurité
Mettre en place un audit réseau n’est pas un objectif en soi. C’est une étape structurante dans une démarche de cybersécurité globale, qui doit être adaptée à la réalité de votre entreprise. Même sans service informatique dédié, il est possible de commencer simplement, à condition de poser les bons jalons.
4.1 Par où commencer quand on n’a pas d’équipe dédiée ?
La première étape consiste à recenser les services et équipements critiques de votre entreprise. Cela inclut :
- les serveurs (locaux ou dans le cloud),
- les accès distants (VPN, télétravail),
- les applications métier,
- la messagerie,
- les équipements réseau physiques (routeurs, pare-feux, bornes Wi-Fi, imprimantes connectées).
Ce recensement n’a pas besoin d’être exhaustif ni technique au départ. Il s’agit surtout de reprendre de la visibilité sur ce qui compose votre système d’information.
Une fois ce socle établi, vous pouvez initier un diagnostic externe. Cela consiste à analyser ce que votre entreprise expose sur internet via son nom de domaine, ses adresses IP ou ses services en ligne. Cette approche permet d’identifier rapidement les failles visibles depuis l’extérieur (ports ouverts, services accessibles sans authentification, interfaces d’administration exposées). Elle ne nécessite aucune installation, aucun accès aux systèmes internes, et peut être réalisée par un prestataire ou via une plateforme spécialisée.
Ce type de test est souvent le point d’entrée idéal pour les PME, car il est rapide, peu intrusif et donne un premier niveau de lecture sur la sécurité globale de l’entreprise.
4.2 Audit unique ou cycle continu ?
Beaucoup d’entreprises se contentent d’un audit ponctuel, souvent déclenché par une obligation client ou un doute après un incident. C’est mieux que rien, mais ce n’est pas suffisant pour piloter sa cybersécurité dans la durée.
Un audit initial permet d’établir un état des lieux, mais la sécurité d’un réseau évolue constamment :
- de nouveaux équipements sont ajoutés,
- des services sont déplacés dans le cloud,
- des collaborateurs rejoignent ou quittent l’entreprise,
- des mises à jour sont oubliées.
C’est pourquoi il est recommandé de s’inscrire dans un cycle continu : audit annuel ou semestriel, suivi des corrections, mise à jour du périmètre. Certains outils ou prestataires (comme Sekost) permettent de suivre l’évolution du niveau de sécurité dans le temps, avec des rappels et des vérifications périodiques.
Ce pilotage progressif est particulièrement adapté aux PME, qui n’ont pas toujours les moyens de tout traiter en une seule fois.
4.3 Audit réseau et conformité
Au-delà de la technique, l’audit réseau peut aussi répondre à des exigences réglementaires ou contractuelles. Plusieurs cadres imposent ou recommandent la mise en œuvre d’audits réguliers :
- Le RGPD, pour la protection des données personnelles, impose de garantir la sécurité des traitements. Un réseau mal sécurisé peut exposer des données sensibles, ce qui constitue une non-conformité.
- La directive NIS2, en cours de transposition, impose des obligations de cybersécurité aux entités critiques… mais aussi à leurs prestataires. Une PME qui fournit un service numérique à un hôpital ou une administration peut être concernée, même indirectement.
- La norme ISO 27001, souvent exigée dans les appels d’offres, repose sur l’analyse des risques et des contrôles techniques. L’audit réseau en fait partie intégrante.
Enfin, l’audit peut devenir un argument de confiance dans vos relations commerciales. Si votre entreprise est sous-traitante, infogéreur, éditeur de logiciel ou fournisseur cloud, vous gagnez à démontrer que votre réseau est sécurisé et maîtrisé. Cela rassure vos clients, et peut faire la différence dans un processus de sélection.
En résumé : intégrer l’audit réseau dans votre stratégie cybersécurité, c’est vous donner les moyens d’agir avec méthode, de suivre vos progrès dans le temps, et de répondre aux attentes croissantes de vos clients, partenaires et régulateurs. Même sans équipe dédiée, vous pouvez commencer petit, mais structuré.
Conclusion : L’audit réseau, un réflexe pour décider avant de subir
L’audit réseau n’est pas une fin en soi, ni une obligation systématique. Mais dans une démarche structurée de cybersécurité, il a toute sa place. En particulier lorsqu’ un audit externe a révélé des services exposés ou des ports ouverts, ou que votre entreprise repose sur une infrastructure réseau critique (bureaux interconnectés, télémaintenance, accès VPN, services cloud hybrides).
C’est le cas, par exemple, dans la logistique, où la continuité des flux repose sur des systèmes en réseau ; dans la santé, où les dispositifs médicaux connectés et les accès distants multiplient les points d’entrée ; ou encore dans les services numériques, où l’architecture réseau conditionne directement la sécurité des données client.
Il ne s’agit pas forcément de commencer par là, mais de l’intégrer au bon moment, comme un prolongement logique d’un diagnostic externe ou d’une analyse de vulnérabilités. C’est un moyen concret d’agir là où les risques sont réels, et de renforcer progressivement la maîtrise de votre système d’information.
Adopter ce réflexe, c’est faire un pas de plus vers une cybersécurité pilotée, ancrée dans la réalité de votre entreprise.