Un piratage informatique peut frapper une entreprise sans prévenir, qu’il s’agisse d’un vol de mots de passe, d’un compte mail compromis ou d’un rançongiciel paralysant toute l’activité. Alors que faire en cas de piratage ? Pour une PME, l’impact est souvent immédiat : perte d’accès aux outils de travail, atteinte à l’image auprès des clients, voire blocage de la facturation.

Face à ce type d’incident, la question n’est pas seulement comment réparer, mais surtout comment réagir vite et dans le bon ordre. Trop souvent, les entreprises hésitent, minimisent les signaux d’alerte ou rétablissent leurs systèmes trop rapidement, ce qui aggrave les dégâts.
Dans cet article, vous allez apprendre :
- à reconnaître les signes d’un piratage, que ce soit sur vos systèmes ou vos téléphones professionnels,
- qui contacter en cas d’incident, en interne comme en externe,
- quelles sont les formes de piratage les plus courantes, pour mieux comprendre les menaces,
- et surtout quels réflexes adopter immédiatement pour limiter l’impact et renforcer la sécurité de votre entreprise.
L’idée n’est pas de vous transformer en expert technique, mais de vous donner des repères clairs pour garder le contrôle. L’objectif est clair : vous donner une méthode pour limiter les dégâts, rassurer vos clients et reprendre vos activités le plus rapidement possible.
1. Comment savoir si vous avez été piraté ?
1.1 Les signes d’un piratage de compte professionnel
Un piratage de compte ne se résume pas à la perte d’un mot de passe. Les signaux sont souvent visibles si vous savez où regarder :
- impossibilité soudaine de vous connecter à votre messagerie ou à vos applications métiers,
- notifications de connexion depuis des lieux inhabituels,
- messages envoyés depuis votre adresse à vos contacts sans que vous en soyez à l’origine,
- réinitialisations de mots de passe non sollicitées.
Dans une PME, un compte mail piraté peut suffire à piéger des clients ou des fournisseurs par de faux ordres de virement. Ce type d’usurpation est l’une des principales portes d’entrée des fraudeurs.
1.2 Les signes qu’un téléphone professionnel a été piraté
Les smartphones sont devenus des outils de travail critiques. Un appareil compromis peut exposer directement vos données professionnelles. Voici les symptômes à surveiller :
- consommation anormale de batterie ou de données,
- applications inconnues installées sans votre action,
- comportements étranges comme des redémarrages intempestifs,
- appels ou SMS envoyés sans votre intervention.
Un téléphone piraté peut permettre à un attaquant d’intercepter des codes d’authentification ou de récupérer vos mails d’entreprise.
1.3 Les indicateurs d’une compromission dans votre système d’information
Au-delà des comptes et des téléphones, c’est l’ensemble du système d’information de votre entreprise qui peut être visé. Les alertes suivantes doivent déclencher une réaction immédiate :
- ralentissements soudains ou blocage de certaines applications,
- fichiers chiffrés ou renommés, typiques d’un rançongiciel,
- alertes de votre antivirus ou de votre prestataire de supervision,
- connexions réseau inhabituelles vers l’extérieur.
Un audit rapide peut aider vos équipes ou votre prestataire à comprendre rapidement la situation. En identifiant les points vulnérables exploités par l’attaquant, il devient possible de savoir par où l’intrusion a eu lieu et d’orienter immédiatement les mesures de correction. Ce gain de temps est précieux pour limiter l’impact de l’attaque et accélérer la remédiation.
2. Qui contacter en cas de piratage ?
Lorsqu’un incident survient, réagir vite et avec les bons relais est essentiel. Les premières heures comptent : elles peuvent déterminer l’ampleur des dégâts financiers, juridiques et réputationnels.
2.1. Les contacts internes prioritaires
- Votre équipe informatique ou votre prestataire de services numériques doit être alerté immédiatement pour enclencher les premières mesures techniques.
- La direction générale et le service juridique doivent être informés afin de préparer la communication interne et externe, ainsi que d’évaluer les impacts légaux (RGPD, contrats, assurances).
2.2. Les dispositifs nationaux et régionaux
En France, plusieurs points de contact spécialisés peuvent accompagner les entreprises :
- 17Cyber : dispositif national accessible 24/7, qui oriente les victimes vers les bons réflexes et les services compétents (forces de l’ordre, experts, plateformes spécialisées)
- CSIRT territoriaux (Centres de réponse à incident régionaux) : présents dans chaque région, ils accompagnent les entreprises localement pour contenir et analyser les attaques. Par exemple, Breizh Cyber en Bretagne agit comme point de contact régional pour guider les PME et les collectivités. Pour trouver les coordonnées de votre CSIRT, l’ANSSI maintient une liste à jour sur son site.
- Cybermalveillance.gouv.fr : plateforme nationale d’assistance qui propose diagnostics, fiches réflexes et mise en relation avec des prestataires labellisés.

2.3. Les forces de l’ordre et autorités
- La police et la gendarmerie disposent d’unités spécialisées en cybercriminalité. Déposer plainte est recommandé, ne serait-ce que pour des raisons d’assurance et de traçabilité juridique.
- La CNIL doit être notifiée dans les 72 heures en cas de fuite de données personnelles (obligation légale issue du RGPD).
- Pour les opérateurs soumis à NIS2 ou DORA, l’ANSSI et les régulateurs sectoriels deviennent des interlocuteurs obligatoires.
2.4. Pourquoi centraliser les échanges
Un réflexe souvent oublié : désigner un point de contact unique au sein de l’entreprise pour coordonner les communications avec ces acteurs. Cela évite les doublons, les contradictions et la perte d’informations critiques.
3. Quelles sont les principales formes de piratage ?
3.1 Les quatre grandes catégories de piratage
Toutes les attaques ne se ressemblent pas. Pour un dirigeant de PME, distinguer les principales catégories permet de mieux comprendre les risques et d’adopter des mesures adaptées.
- Piratage de compte : un attaquant prend le contrôle d’une messagerie, d’un compte cloud ou d’un espace client. Cela peut conduire à des fraudes au virement ou à des usurpations d’identité.
- Piratage de données : vol ou exfiltration de fichiers sensibles (bases clients, données RH, secrets de fabrication). Ces fuites peuvent engager la responsabilité juridique de l’entreprise, notamment au titre du RGPD.
- Piratage de système : intrusion dans les serveurs ou le réseau interne. Les conséquences vont du blocage de la production (rançongiciel) à l’espionnage industriel.
- Piratage d’appareil mobile : un smartphone compromis devient une porte d’entrée vers les comptes professionnels, avec un risque d’espionnage en continu.
3.2 Autres variantes fréquentes
Au-delà de ces catégories principales, certaines attaques reviennent régulièrement :
- Phishing (hameçonnage) : un email imitant un fournisseur ou un partenaire pousse un salarié à cliquer sur un lien piégé.
- Vishing (hameçonnage vocal) : l’arnaque passe par un appel téléphonique, souvent en se faisant passer pour un service bancaire ou informatique.
- Compromission de site web : un site vitrine mal protégé peut être détourné pour diffuser des malwares ou nuire à l’image de l’entreprise.
3.3 Conséquences concrètes pour une PME
Messagerie compromise
Si un de vos comptes mail professionnels est piraté, une des possibilité est que l’attaquant se fasse passer pour vous pour envoyer de fausses factures à vos clients. Les paiements partent alors sur un compte frauduleux et vous subissez directement la perte financière, d’autant plus si vous ne vous en rendez pas compte rapidement. Mais le plus grave est ailleurs : vos clients se mettent à douter de votre fiabilité, et vous devez rétablir la confiance, souvent au prix de longues explications et d’une atteinte à votre réputation.
Production bloquée par un rançongiciel
Un rançongiciel qui chiffre les fichiers partagés et les serveurs peut entraîner l’arrêt immédiat de l’activité. Les commandes en cours ne sont plus livrées, les délais explosent et vos partenaires exigent des pénalités. Même avec des sauvegardes, la reprise peut être lente et coûteuse. Chaque jour d’arrêt peut représenter des dizaines de milliers d’euros perdus pour votre entreprise.
Vol de données
Un téléphone piraté, c’est potentiellement l’accès à votre messagerie, à vos applications métiers et à votre carnet d’adresses.Dans ce cas, ce ne sont pas seulement vos informations qui sont compromises, mais aussi celles de vos clients et fournisseurs. Vous devrez alerter vos partenaires, prévenir la CNIL si des données personnelles sont concernées, et gérer les questions sur votre capacité à protéger ce que l’on vous confie.
Site web détourné
Si votre site vitrine est compromis, il peut être utilisé pour rediriger vos visiteurs vers des pages frauduleuses. Le résultat est double : votre image en ligne se dégrade et votre référencement chute. Pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, vous pouvez perdre une partie de votre visibilité commerciale et donc de vos opportunités.Là aussi, l’atteinte à votre réputation peut vous suivre pendant des mois, voire des années.
Ces scénarios montrent que le piratage n’est jamais un incident isolé. Pour une PME, chaque attaque peut rapidement se transformer en crise globale : pertes financières, ralentissement opérationnel, atteinte à votre image et exposition juridique.
4. Que faire en cas de piratage ?
4.1 Les réflexes d’urgence
En cas d’attaque, chaque minute compte. La première étape consiste à changer immédiatement les mots de passe compromis et à activer la double authentification sur les services critiques. Il est également recommandé de déconnecter les appareils suspects du réseau pour éviter la propagation et de sauvegarder les données encore accessibles sur un support externe.
4.2 Sécuriser et analyser après l’incident
Une fois la situation stabilisée, il est indispensable de faire un état des lieux précis. L’objectif est de déterminer quels comptes, appareils ou serveurs ont été touchés et par quel biais l’attaquant est entré. Un diagnostic express peut être précieux pour identifier les points vulnérables exploités et gagner du temps dans la remédiation. Cette analyse doit ensuite guider la remise en service progressive des systèmes, afin d’éviter toute rechute.
4.3 Éviter la récidive : prévention et bonnes pratiques
Le piratage doit servir de leçon pour renforcer durablement la cybersécurité de l’entreprise. Plusieurs mesures sont à privilégier :
- sensibiliser les collaborateurs aux tentatives d’hameçonnage et aux bonnes pratiques numériques,
- mettre à jour régulièrement logiciels et systèmes, y compris les outils de gestion ou les sites web,
- planifier des analyses de vulnérabilités et des audits réguliers pour détecter les failles avant qu’elles ne soient exploitées.
Parmi les erreurs fréquentes observées, on retrouve la tentation de remettre en service trop vite les systèmes sans avoir corrigé les failles, ou encore le fait d’ignorer les signaux d’alerte envoyés par les outils de sécurité. Pour une PME, éviter ces écueils est souvent la différence entre un incident maîtrisé et une crise majeure.
Réflexe ANSSI : trois gestes immédiats en cas d’attaque
L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information recommande d’appliquer sans attendre quelques gestes simples :
- Isoler les systèmes compromis plutôt que de les éteindre, afin de limiter la propagation tout en conservant des traces utiles à l’analyse.
- Conserver les journaux et preuves techniques (logs, emails suspects, fichiers chiffrés) qui permettront de comprendre l’attaque et de soutenir une éventuelle enquête judiciaire.
- Éviter les remises en service précipitées sans diagnostic complet, au risque de réactiver la compromission.
Ces réflexes doivent être connus à l’avance par vos équipes ou votre prestataire, car c’est dans l’urgence que les erreurs coûteuses se produisent.
Conclusion
Un piratage informatique n’est pas seulement un problème technique, c’est un risque de continuité d’activité pour votre entreprise. Les PME, souvent moins préparées que les grandes structures, doivent donc apprendre à réagir vite et avec méthode.
En cas d’incident, trois axes font la différence : détecter rapidement les signes, alerter les bons interlocuteurs, et mettre en œuvre sans attendre les réflexes essentiels pour contenir l’attaque. C’est cette combinaison qui permet de limiter les impacts financiers, juridiques et réputationnels.
Un piratage peut aussi devenir un point de départ pour renforcer votre résilience. En tirant les enseignements de l’incident, en sensibilisant vos équipes et en testant régulièrement votre niveau d’exposition, vous gagnez en maturité et en crédibilité auprès de vos clients et partenaires.
Face à la menace, mieux vaut prendre l’initiative que subir : diagnostiquer, corriger et surveiller dans la durée vous permettra de transformer une expérience subie en levier de maîtrise et de confiance.